Je vous parle d’un endroit où je ne suis
personne.
Ma voix s’évanouit avant même d’avoir dit,
étouffée par mes propres mots,
marécages d’idéaux.

Je vous parle d’un endroit où je ne suis
personne.
Ma parole n’a aucune valeur, aucun poids.
J’aurai beau dire et m’essouffler,
ma parole ne sera ni prise en compte ni prise
en main.

Je vous parle d’un endroit où je ne suis
personne.
Ma parole est un souffle au coeur, j’ai peur.
Prendre son élan, formuler correctement.
Encore faut-il le dire, et défier les sbires.

Je vous parle d’un endroit où je racle ma gorge.
J’ai besoin de participer au mouvementsoulèvement.
J’ai besoin de participer au cri-bélier.

J’ai besoin d’empêcher les mains bâillons de
ma langue haillons.

J’ai été élevée pour et par la discrétion.
Je n’ai pas d’armes parées pour la digression.
Et pourtant…
Je ravale mon sourire de façade,
j’avale une bouffée de scandale
et je dis
En mon nom.
En mon nom de pauvre.
En mon nom de rien.
En mon nom de personne.

Il se crée des révoltes il se crée,
je l’ai déjà dit ici plusieurs fois.
Se redresser par la voix,
rencontrer l’écho d’autre voix
multiplier les répercussions, tant et tant de
fois,
que le brouhaha sera immense,
que le brouhaha soit immense !

J’ai dit non.
Vous m’entendez.
J’ai dit non.

Que le brouhaha soit immense !

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